Encadrants : Alexandre, Ferdinand, Marie-Loï

Participants : Bénédicte, Gloria, Robin, Valérie, Yanis

Date : dimanche 24 septembre

Voies réalisées : L’Andouillette (5c+, semi-équipée), La Pujos (5c, semi-équipée), Les Lourds entre eux (6a+)

Horaires : départ parking 8h10, au pied des contreforts à 8h25, au pied de l’Andouillette à 9h20. Sommet : 13h13h45 pour les 2 premières cordées, 1-h pour la 3^e. Retour parking entre 17h15 et 18h10.

Météo : Grand beau, vent léger, pas trop chaud. Conditions idéales !

Album photo : https://photos.app.goo.gl/o25Du6QE6YpDmrUz5

Prolonger l’unité de formation alpinisme en terrain d’aventure (UF TA) par une sortie dédiée à l’ascension d’une grande voie d’alpinisme peu ou pas équipée, telle était l’idée de cette sortie, réservée donc aux pratiquants ayant validé l’UF TA¹.

La voie Pujos au pic de la Madelon répond bien aux objectifs de cette sortie. Trois longueurs en 5c, partiellement équipées. Et surtout l’arrivée au sommet d’un vrai pic dont la forme pyramidale parfaite, vue de l’étang de Soulcem, accroche forcément le regard et suscite bien des envies d’ascension. Lors de la préparation de cette sortie, la découverte d’une nouvelle voie équivalente, ouverte en 2022 par le guide Simon Wiegeth en face sud du pic, L’Andouillette (5c+, semi-équipée), confirme notre choix en nous permettant de répartir les cordées sur des itinéraires différents. Mais aucun des encadrants n’a réalisé ay préalable cette voie et les informations sur celle-ci sont quasi-inexistantes, à part un topo bien sommaire. Marie-Loï et Alexandre partiront donc la veille, le samedi, pour tester cette voie, valider le niveau et repérer les accès.

Rendez-vous est donné le samedi soir au sympathique gîte de Mounicou à Auzat afin de pouvoir démarrer tôt le lendemain matin. Pendant l’apéritif, les encadrants font un débriefing de ce repérage bien utile et réfléchissent un petit moment afin de répartir les cordées sur des itinéraires différents afin d’éviter les bouchons dans une unique voie, avec les risques que cela comporte. Marie-Loï partira avec Gloria et Valérie dans L’Andouillette, repérée la veille. Ferdinand et Bénédicte réaliseront la Pujos, mais en y ajoutant les deux première longueurs de L’Andouillette, afin de rallonger un peu la course. Alexandre, lui, constituera une cordée « rapide » avec Robin et Yannis pour enchaîner Les lourds entre eux aux contreforts de la Madelon, une grande voie équipée de 5 longueurs (D+, 6a+ max), puis la Pujos, laissant le temps aux deux premières cordées d’avancer.

Partis à 7h45 du gîte, nous démarrons la marche d’approche à 8h10. Le pied des contreforts est rapidement atteint ; ceux-ci sont encore bien à l’ombre, la cordée Alexandre-Robin-Yannis va démarrer dans la fraîcheur matinale (heureusement, les températures ont bien remontées par rapport à la veille où la neige avait poudré les 3000 ariégeois). Les deux autres cordées poursuivent en direction du pic. L’itinéraire d’approche, peu évident et relativement exposé, zigzague sur des pelouses de gispet (gare à la glissade!) entre les barres rocheuses.

Nous arrivons au pied de L’Andouillette à 9h20, alors que les premiers rayons de soleil illuminent et réchauffent le pic. La cordée de Marie-Loï part en premier, dans les premiers mètres, première difficulté : « Ah, j’avais oublié que c’était aussi difficile ! ». Mais le pas dur est rapidement passé sans encombre. Nous suivons derrière et bifurquons dans L2 pour rejoindre le démarrage de la Pujos laissant la cordée féminine au pied de la face sud. Il faut d’abord franchir un court, mais raide, ressaut, non équipé. Par où passer ? A gauche par cette large fissure ? Cela ne correspond pas au dessin du topo, ni a priori à la difficulté annoncée (5c). L’entaille centrale semble mieux correspondre. Avant de s’y engager, la lecture de la difficulté est indispensable : Où poser les pieds et les mains ? Et surtout où placer ses protections afin d’éviter les mouvements inutiles ? Mais, comme souvent, une fois dans le passage délicat, les mouvements s’enchaînent un peu différemment de ce que l’on a imaginé et les points sont posés en fonction de la progression. Arrivés au relais, un peu d’hésitation : nous ne voyons ni la plaque en mémoire de Jean Pujos, ni le premier spit indiqué sur C2C ; direction la plaque commémorative, là nous voyons le fameux spit… juste au-dessus de la où nous trouvions. C’est ça aussi l’alpinisme en terrain d’aventure : rechercher l’itinéraire, être sûr de ne pas s’engager dans une autre voie, potentiellement plus dure…

A partir de là, l’itinéraire est évident : l’arête sud-est, puis le grand dièdre visible de tout en bas. Sur l’arête, nous voyons Gloria progresser dans L3 de L’Andouillette ; elle est très concentrée, les possibilités de poser des protections ne sont pas trop nombreuses et les pas sont fins… Pour nous, voici le dièdre central de la Pujos, longueur clé, annoncée comme « magnifique » ; il tiendra ses deux promesses. La large fissure au fond du dièdre offre de bonnes prises de main, mais les pieds doivent généralement se contenter de petits reliefs et il faut bien gérer le matériel disponible pour ne pas poser tous les gros coinçeurs au départ, au risque de se retrouver dégarni à l’arrivée… La progression est régulière, mais méticuleuse : 45 m bien verticaux, il faut aussi gérer son effort. Une fois à la sortie, lecture rapide du topo pour savoir où se trouve le relais. Il est 3 mètres à gauche, juste derrière moi, caché par un genévrier. A partir de là, la dernière longueur est commune et je vois justement arriver Marie-Loï. Bientôt nos deux cordées atteignent l’une après l’autre le sommet. La troisième, qui est sortie des contreforts alors que nous étions au deuxième relais, s’est engagée au départ de la Pujos (rallongée des deux premières longueurs de L’Andouillette).

Après un rapide repas, il est temps de leur laisser la place. Nous enchaînons les rappels. Arrivés au deuxième relais de la Pujos, nous retrouvons Robin, Yanis et Alexandre… qui débloqueront notre corde coincée dans un arbuste. La cordée de Marie-Loï se décale sur le relais de Barbouille pour éviter un encombrement sur cette vire de la Pujos déjà bien occupée par notre présence rallongée. Malheureusement, n’étant plus dans l’axe, leur corde est aussi bloquée ; elle en sera quitte pour une remontée sur 5 m, histoire de faire passer le nœud sur le point bloquant puis de finir le rappel sans autres péripéties. Nos deux cordées entament alors la longue et délicate descente. La dernière cordée nous rejoindra à peine 50 mn plus tard ; rapide et efficace comme nous l’avions supposé…

18h30, nous nous arrêtons au bar Chez Nini à Mounicou, tenu par la sympathique propriétaire du gîte. Le plaisir de cette belle journée d’alpinisme se lit sur les visages ; la fatigue aussi. Le dièdre central de la Pujos revient à plusieurs reprises dans la conversation : « Pas si évident », même quand on grimpe en tête en grande voie équipée dans du 6a+/6b. C’est effectivement, l’enseignement majeur à retenir de cette expérience pour ces nouveaux alpinistes en terrain d’aventure : la pose de ses propres protections impose de rester au moins deux cotations au-dessous de son niveau maximum. Le plaisir de la grimpe en « trad » est à ce – modeste – prix !

(1) Avec la réforme de la formation de la FFCAM, cette UF – comme l’ensemble des UF d’alpinisme – n’existe plus. Elle est remplacée par des blocs de compétences (Techniques de cordes en milieu montagne et Progression en rocher) de niveau Perfectionné.