Compte rendu sortie des Vignemales

 

Nous sommes le samedi 2 juillet au matin, 6h30 sur le parking. Je distingue notre encadrant Jacques au loin de par son gabarit disons marginal et je fais rapidement connaissance avec le reste du groupe. Tout le monde est à l’heure, nous faisons cap vers le Sud pour Lourdes, puis Gavarnie dans le pays Toy.

La route est assez longue mais ayant pris la mauvaise sortie d’autoroute sur une erreur que nous qualifierons de co-pilotage, une arrivée au beau milieu d’un défilée de vieilles voitures dans les rues de Tarbes nous ravie au plus haut point. Jacques utilise tout l’air comprimé de son klaxon avec entrain et l’ambiance est digne d’une journée de mariage.

L’enthousiasme est plus loin renversé lorsque nous faisons face à un énorme bouchon en sortie de Lourdes. Une apparition se fera attendre au bout d’une heure, débloquant ainsi la situation. Cette dernière ne résultant pas du divin comme l’on aurait pu le penser, mais bien d’une manifestation d’agriculteurs qui avait décidé de réguler le flux. Nous apercevrons des banderoles « Non au loup » ou encore « Non à l’Ours » et discuterons régulations européennes avec Jacques, qui décidément nous apprendra qu’il était également du métier par le passé. 

La fluidité reprendra son cours, nous passerons le pont Napoléon III de Luz-Saint-Sauveur, traverserons Gavarnie, pour finalement s’introduire au sein de la vallée d’Ossoue.

Les voitures se suivent dans une route très rocailleuse, se garent, on sort notre matériel, mais l’un des véhicules manque à l’appel. Evidemment pas de réseau, alors des théories en tout genre sont discutées : châssis trop bas ? Mauvaise route ? Quelqu’un tombé malade ? Après une demi-heure, Jacques reprend sa voiture et décide de repartir en arrière pour finalement revenir bredouille (doit-on rappeler qu’il n’y avait pas de réseau ?)

C’est alors qu’un éclair de génie frappe l’un des participants dont j’aurais aimé retenir le nom pour lui rendre honneur : « Mais si la dernière voiture était arrivée avant nous et s’était arrêtée au second parking situé une minute plus loin ? (Celui indiqué comme point de rendez-vous par ailleurs). C’est ça !! Nous retrouvons alors nos compatriotes, eux aussi passant de l’inquiétude au rire en se demandant bien ce qui avait pu nous arriver.

C’est donc dans les environs de 12h30 que nous commençons la randonnée, et à peine débutée sonne déjà l’appel du ventre vide. Les casse-croûtes sont engloutis, les futurs randonneurs rassasiés.

Il est 13h, redoutant de ne pas arriver assez tôt pour enchaîner en option sur le petit Vignemale dès l’arrivée au refuge, nous partons d’un bon pas bien qu’alourdi par nos gros sac-à-dos. La marche d’approche est très belle. Sur nos côtés s’écoule la rivière nous guidant jusqu’au glacier.

Nous traversons quelques névés, évitant les ponts de glace au loin sur notre droite. Des petits groupes se forment, mais nous restons relativement proches, le chemin permettant une grande flexibilité à ce niveau-là. Les discussions vont bon train, les vues appréciées, les pauses courtes, le dénivelé avalé. Nous arrivons à 16h au refuge (on a fait vite quand même !). Comme nous n’avons pas encore le droit de planter la tente, nous déchargeons nos sacs et ceux qui voulaient faire le petit Vignemale y vont.

 Nous y apercevons alors le magnifique lac de Gaube en contrebas, et qu’elle ne fût pas notre stupéfaction lorsque nous vîmes un groupe de grimpeurs en tout petit au beau milieu de leur ascension vers la même destination. « Waouh, on ne vit pas dans le même monde… ». Arrivés en haut, les photos sont prises et Carine nous offre son plus beau panorama en 360 dans un superbe élan de joie et de bonne humeur.

Il est 17h30, nous repartons vers le campement. Je m’attèle à monter la tente avec mon nouvel ami Italien qui semble avoir fait ça tout sa vie.

Vient l’heure du dîner, une bière étant préalablement partagée autour d’un calcul mental du montant en espèce à payer au refuge pour 18 personnes.

Nous entrons munis de nos plus belles sandales dans cette bâtisse ou la proximité et la chaleur humaine nous en ferait presque oublier une certaine pandémie.

Une table reste sage sur le vin alors qu’une autre ne s’en privera pas (je ne vous ferai pas l’affront de vous dévoiler où était assis notre protagoniste guide depuis le début de ce récit !).

 La soupe arrive, pensant que c’était la seule chose que nous allions avoir, j’en redemande 2 fois. Quelle erreur ! Voici ensuite le bœuf et son riz qui suivent, très bon je dois le dire. Le fromage précède le chocolat, les estomacs sont pleins, les visages ravis.

us revenons vers nos tentes, le soleil nous dit au revoir, laissant derrière lui le ciel, l’empreignant d’une teinte rose-bleue somptueuse. La nuit tombe, les étoiles apparaissent les unes après les autres.

Quelques invitées se joignent à la fête, elles seront finalement présentes sur quasiment tous les sommets que nous pourrons observer. Encore une fois, quelques idées sont lancées : serait-ce une tradition en montagne d’aller bivouaquer sur les hauteurs, allumant une puissante lumière, ou bien une revendication pro-indépendantiste Basque et Catalane comme l’annoncera la presse le lendemain ?

https://www.thenational.scot/news/20252847.catalan-basque-independence-activists-light-pyrenees-democracy-demo/

La voie lactée, elle, se dévoile au gré des nuages qui se dissipent. Il est tard, je ne dors toujours pas, je me sens comme privilégié et le spectacle est à couper le souffle…

Dimanche, 5h45 : Cocoricoooooo !! Le village se réveille… Les abris sont rangés et tout le monde s’affaire au refuge pour le petit-déjeuner de 6h30. Du pain, de la confiture, beurre, café, thé… tout le monde récupère sa commande de la veille et se remplit d’énergie pour une journée qui s’annoncera forte en intensité et en émotion !

7h15, nous descendons une centaine de mètres pour poser notre matériel dans les fameuses grottes Bellevue où le compte Henry Russel y avait solidement ancré son cadran solaire.

Nous déchargeons un maximum nos sacs pour n’emporter que l’essentiel. La marche débute, nous chaussons rapidement les crampons dès l’arrivée sur le glacier. Les piolets sont prêts à être dégainés et nous commençons avec les bâtons. Les lunettes UV4 et les gants sont également de rigueur (enfin lorsqu’on en a, hum…). Rythmés par quelques poses succinctes, nous arrivons sur les coups de 10h30 au niveau de la dernière partie de l’ascension.

C’est une voie de grimpe relativement simple… enfin lorsque l’on suit le bon chemin… et que l’on ne se trompe pas de groupe avec un autre qui ne parle pas la même langue que soi et qui fait une course beaucoup plus dure… et que l’on a toujours le groupe en visuel… et que l’on ne finit pas par désescalader pour retrouver un chemin plus facile qui nous mènera finalement au sommet. Bref ! J’arrive en sécurité en haut, le temps de prendre 1 ou 2 photos tellement que je suis en retard, et voilà que nous repartons déjà dans l’autre sens.

 

Le grand Vignemale à 3298m est bien réussi, j’en suis très heureux.

 

C’était au maximum de ce j’imaginais mes capacités et ça l’a fait ! La redescente est plus technique, c’est un peu la première fois pour moi, alors on vient m’encadrer très gentiment et tout se passe sans encombre.

Nous décidons de remonter encore un petit peu pour aller manger juste à côté au col de Cerbillona à 3195m.

 À la suite de notre festin, voyant un enchaînement de sommets le long d’une crête, notre co-encadrant Manu propose l’idée de terminer le dénivelé positif de la journée par deux 3000 supplémentaires.

Il n’est que midi mais au début un petit « moi je veux bien » se fait entendre, puis un autre, un troisième… avant qu’au final tout le monde finisse par se joindre.

 C’est alors que nous passons du col au pic de Cerbillona à 3247m, puis au pic Central à 3235m. Jacques, en observant le précipice, ne se prive pas d’en nommer un dernier par une expression que nous tairons mais qui qualifiait bien son impression du moment.

Fiers de nos quatre 3000, nous redescendons avec le piolet et les crampons, en combinaison avec activités de glissade sur fesses mouillées, ce qui aura pour effet d’étendre énormément le groupe, mais qui se retrouvera finalement, après avoir déchaussé et rechaussé moultes fois ses crampons, de retour aux grottes de Bellevue.Nous reprenons nos sacs, une petite pause le temps de souffler et de se restaurer brièvement, et alors s’entame une descente sur les chapeaux de roue pour arriver à 16h sur le plateau.

Nous assistons alors à un événement d’une rareté absolue. Pascal arrive à filmer une marmotte, qui tellement intriguée par cet appareil moderne, décide de s’en approcher (à notre plus grand bonheur), jusqu’à ce que, à quelques millimètres de l’objectif, agite un violent coup de patte gauche afin d’essayer de s’emparer de ce mystérieux troisième œil. D’une main ferme, notre caméraman chevronné n'est qu’ébranlé mais la vidéo, elle, est bien dans la poche, et fera fureur lors de son partage et visionnage avec les autres membres du groupe.

Nous arrivons aux voitures peu avant 17h, et à peine à l’abris que l’orage commence à se faire entendre couplé d’une pluie montant en intensité.

Je brave une dernière fois les trombes d’eau qui m’arrivent sur la tête afin d’aller chercher les bouteilles de cidres que Jacques m’avait missionné d’aller mettre au frais dans le gave un peu plus tôt.

Je reviens trempé mais la satisfaction du devoir accompli. Nous rebroussons alors chemin avec les voitures pour nous arrêter à Gavarnie, où après un demi-tour savant en étant bien allé vérifier au fond du parking extérieur sur 2 étages que l’auberge que nous cherchions n’était pas là, nous nous garons finalement un peu plus loin, au bon endroit. Nous échangerons alors un dernier casse-croute, paroles et sourires avant de refaire route vers la ville rose.  

Les Photos : Les Vignemales

 

Thomas, nouvel adhérant au CAF Toulouse, arrivant de Grenoble

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