C'est à la frontale, de nuit, que nous entamons cette journée.

L'objectif est de se rendre au refuge du Promontoire. Certes, il est juste 800 m au-dessus de nous, dans le droit fil du vallon des Etançons, nous pourrions y être en deux heures ! Mais nous sommes ici pour profiter du massif, alors nous allons passer par deux cols peu fréquentés, et pour cause :

- le col de la Grande Ruine, situé à l'aplomb du sommet éponyme, côté nord-ouest, est d'un accès délicat. Vu d'en bas, il présente essentiellement un système de barres rocheuses dont on ne distingue pas immédiatement les faiblesses. L'exposition y semble permanente.

- Le col du Pavé est l'un des plus hauts du massifs, à 3550 m. Sa descente, côté ouest, exige de parfaites conditions, notamment en raison d'un passage obligatoire entre séracs et paroi rocheuse. Toute erreur d'itinéraire, à quelques mètres près, y serait immédiatement sanctionnée.

La première partie de l'ascension, à skis, avec les couteaux, se révèle être un exercice périlleux pour les moins souples, certaines conversions étant acrobatiques. Si c'était à refaire, je suggèrerais une montée en crampons dès le départ, c'est plus sûr. Cette première section de 800 m nous amène non loin des barres rocheuses qui rendent peu évident l'accès au col.

La faiblesse du système de défense se trouve à gauche ; une pente de neige assez raide permet d'accèder à un "balcon" qui mène, en traversée, au col tant convoité. ça semble simple comme ça, mais ça va nous demander de la persévérance et de la concentration, car nous dominerons en permanence des barres rocheuses importantes, aucune erreur n'est permise.

Le soleil nous accueille à la brèche, et c'est avec soulagement que je découvre, côté est, de vastes pentes de neige.

Elles vont nous conduire vers le lac du Pavé. Comme nous nous trouvons au-dessus, côté ouest, et qu'il faut le contourner, je fais une tentative par ce côté. Mais, au détour d'une croupe, des pentes raides, exposées, ravagées par des coulées, m'amènent à décider d'un autre itinéraire, plus sûr, celui qui est indiqué sur la carte IGN. Séance de télémark donc pour descendre, en peaux, les 100 m inutilement gravis, un rapide coup d'oeil au glacial refuge du Pavé (non gardé en cette saison, et qui va être refait, selon mes infos), et nous abordons la longue montée vers le col du Pavé. La fin de la montée se fera en crampons, par une rampe enneigée assez raide. Elle débouche sur un vaste replat qui étonne, après tant de pentes ardues.

Quel panorama , quelle ambiance ! dominés par le Pavé (3823 m), proches de la face sud de la Meije, nous dominons un très vaste secteur.

La descente est une inconnue, mais des traces partent en traversée descendante, et je décide d'aller voir. Le groupe me suit à quelque distance. STOP ! Ces traces, pourtant extrêmement bien marquées, s'arrêtent net avant une combe très raide, dont on devine qu'elle domine des barres rocheuses et des séracs : beaucoup trop dangereux à traverser ! Nous déchaussons et remontons quelques dizaines de mètres, pour contourner ce piège et trouver une pente très sûre. Ouf ! Ce que nous ignorons, c'est que les nombreuses personnes présentes au refuge du Promontoire ont suivi toute la scène de loin, et ont eu une petite frayeur pour nous.. Ce qui est grave, ce n'est pas de se tromper, c'est de persister dans l'erreur !

Magnifiques pentes de neige, sous les formaidables parois de la face sud de la Meije !

Un passage obligé entre paroi et séracs nous amène à passer un par un, avec mille précautions. Fatiguée, C. n'ose pas franchir une faille tout droit dans la pente, et, bien sûr, ce qu'elle redoutait se concrétise : elle tombe partiellement dans la faille, et y reste coincée par un ski.. Heureusement, Benoît, le bon samaritain, accoure en quelques secondes et la libère.

La fin de la descente est plus tranquille, et les grands virages sur cette moquette à poils longs s'enchaînent.. Nous restons cependant vigilants, nous sommes encore sur le glacier, et tout relief suspect est largement contourné.

Parvenus sous l'arête rocheuse qui supporte, 100m plus haut, le refuge du Promontoire, nous remettons les peaux pour une lente montée dans une neige molle où la trace est bien fatigante. Un peu normal, nous avons dû franchir la barre des 2000 m positifs aujourd'hui...

La terrasse du refuge est étroite, mais l'accueil est excellent. Le gardien tient une chronique quotidienne sur son site internet, bien utile pour connaître les conditions : https://www.refugedupromontoire.com/en-direct/

Pas d'eau courante au refuge ou à proximité (comme dans les autres refuges d'ailleurs), il faut prévoir un budget "bouteille d'eau" à chaque étape. ça n'empêche pas le repas d'être très bon et copieux ; décidément, on sait recevoir dans l'Oisans !

les photos de ce troisième jour :

https://photos.google.com/share/AF1QipM3Ags8GjoRBYVNIOmTk7YkHwwbfj6SRk5BMvjkyoKulDVsqfiM6BhCV2_beyvm5Q?hl=fr&key=VnVldkxSbVZDb2pKQkZnWHVxMDZCUHNaSC1UVEhR

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