J'ai longtemps hésité à maintenir cette sortie.

Le Pic, c'est toujours une sortie épique qui se fait en équipe à la bonne époque.

J’hésitais car la neige était basse et le temps compté par le Covid.

J’hésitais car je craignais également d'y trouver la foule alors que le confinement actuel nous habitue peu à peu à ne plus nous entourer que de relation distanciées, voire distantielles, à fuir l’altérité.

Heureusement, la météo du samedi était attirante.

Fraîche avec un léger réchauffement au cours de l'après-midi et la promesse d'une arrivée du mauvais temps en fin de journée, de quoi nous motiver pour trouver le rythme adéquat et le tempo parfait en équipe pour ce pic épique.

Maintenant, comment raconter cette virée sans s'exposer aux reproches faciles de ne point suivre les consignes alors même que, de par mes fonctions, je suis amené à les édicter ? 

Comment ne pas s'exposer au courroux de la maréchaussée ?

En de telles circonstances, la romance est d'un bon secours !

Nous étions donc six sur le parking de la gare de portet à 6h30. 

J'ai le plaisir de retrouver Alexandre qui part avec 5 autres compagnons pour le Taillon par le col du Gabiétou, belle et ambitieuse sortie de saison mais aussi Laurent Mauzaize et 3 autres compagnons qui, comme par hasard nourri le même projet de Pic du Midi pour conjurer un passé peut être encore bien présent.

Nous allions sûrement être amenés à nous croiser tout au long de cette journée.

Nous nous retrouvons donc en toute logique sur le parking au-dessus du village de maisons prétenduement mobiles d’Artigues.

Le ciel était clair. L'air était frais. Le moral au beau fixe.

D'autres randonneurs s’équipaient autour de nous.

Néanmoins, la neige apparaissait bien lointaine. Dans mon groupe, nous préférons marcher les pieds légers en sandales alors que Laurent avec quelques autres personnes de son groupe choisit les pieds lourds en chaussures de ski.A chaque resposable ses choix de progression.

Nous partons pratiquement au même moment mais je laisse Laurent prendre un peu d’avance.

Sur le chemin, alourdis par ses chaussures, nous dépassons son groupe qui piqué au vif, s'accroche à nos basques tout en maintenant le mètre cinquante recommandé par la nomenclature sanitaire.

Toutefois, la fraternisation fait son chemin.  Mais qui pourrait nous le reprocher puisque la Fraternité fait bien partie des trois valeurs de la République inscrites au fronton de nos mairie et accessoirement de nos Gendarmeries.

Bref, vous l'aurez compris, nos deux groupes vont avancer de concert tout en conservant toujours au moins quelques m (mètres ou minutes) d'écart soit à l'horizontale, soit à la verticale, soit en diagonale.

D'un pas toujours aussi léger, nous traversons promptement les cabanes de Tramazaigue que le soleil du matin réchauffent. Les prairies environnantes sont d'un vert vif et printanier. Au loin, pile au milieu du goulet, trône en majesté le pic dont on ne devine en rien le paquebot qui est échoué au sommet.

Seule une lance pointée vers le ciel qui cherche à attirer la foudre, nous indique l’objectif du jour,  1400 m au dessus

Nous nous engageons dans le goulet, non sans porter un regard courroucé sur le plan de genévrier qui valu à Laurent une bien mauvaises chute, si mauvaise qu’un secours venu du ciel fut nécessaire avant de le confiner à une trop longue période de disette de montagne.

Nous traversons le torrent puis, rapidement, nous rencontrons une neige dure mais continue.

Il était alors temps de chausser nos skis et bien sur nos chaussures.

Nos deux groupes redémarrent. Il faut bien marquer la trace avec les couteaux car la neige est particulièrement dure sur ce versant nord.

Au-dessous de nous, l'herbe semble grignoter le manteau neigeux et gagner chaque jour un peu plus d’altitude.

Nous arrivons à la cabane de Penne Blanque, modeste abri blotti contre un gros bloc qui peut éventuellement servir d'abri en cas de tempête ou loger un berger souhaitant rester au plus près des ses brebis pendant quelques jours. Nous déposons à proximité nos sandalettes que nous reprendrons à la descente.

Inutile de les monter au sommet car nous n'avons pas l'intention de visiter les installations de l'observatoire. De toute manière, sauf à avoir une recommandation, il est quasiment impossible d’y pénétrer en dehors de la zone touristique.

Nous poursuivons notre chemin dans la coume du pic. Le soleil ramolli légèrement la surface de la neige et nous n'avons plus désormais besoin de faire mordre nos couteaux.

Nous parvenons ainsi vers midi, non pas au Pic, mais au col de Sencours à proximité de vieilles ruines d'une hôtellerie qui a fonctionné il y a plus d'un siècle.

Les guides Diamants et Joanne que l'on trouvait facilement en boutique il y a un siècle et que tous les touristes s’arrachaient alors indiquent qu'en 1900, nous pouvions y dormir et qu'on y mangeait fort bien. Aujourd'hui ce sont des ruines inquiétantes d'où s'échappent des structures métalliques à travers des toits éventrés et des murs éborgnés. Si les pierres pouvaient parler, elles auraient tellement de choses à nous dire. 

Après une courte pause nous reprenons notre chemin pour rejoindre un autre bâtiment emblématique de cette montée vers le pic :  l'hostellerie des Laquets, auberge postérieure au bâtiment précédent qui a fonctionné jusque dans les années 70.

C'était en effet le terminus de la route qui était autorisée à la circulation et qui permettait, à la belle saison, de se rapprocher en voiture à partir du col du Tourmalet à moins de 30 minutes du sommet du Pic-du-Midi.

Cet énorme bâtiment en forme de croix restait néanmoins moins fermé 9 mois par an, et après la faillite économique qui a désolé son aubergiste, c'est maintenant la faillite du bâtiment qui désole le paysage.

Un projet de restauration est néanmoins l'étude en lien avec les installations touristiques du Pic-du-Midi.

Beaucoup de neige s'est accumulée contre sa façade de deux étages alors que nous accédons facilement sur le toit à ski.

Il ne nous reste plus que deux cents mètres pour rejoindre le sommet. Néanmoins, la face sud est bien dégarnie et de nombreux éboulis apparaissent.

La pente de neige n'est même pas continue. Après quelques minutes de progression en pente soutenue, nous devons déchausser pour rejoindre le sentier d'été sur lequel subsiste un ruban de neige d’un mètre de large et qui nous permet d'arriver au sommet ski au peid. I

Il fait assez froid et il y a un peu de vent d’ouest. Nous filons sur les deux terrasses accessibles aux marcheurs pour nous protéger du vent et jouir du formidable panorama au milieu des coupoles d'observations.

C'est aussi l'heure de casser la croûte.

Revue détaillée des sommets, selfies et photos de groupe...

 

14 h 15 : pour échapper au déchaînement des cieux qui nous est annoncé pour la fin d'après-midi, nous préparrons notre descente. La neige est très dure 

Ceux qui seront impressionné par la descente pourraient demander l'asile aux ermites qui logent dans ce paquebot abandonné au sommet du pic mais il semble totalement vide. Aucun touriste n’a été autorisé à monter en téléphérique et aucun marcheur ne peut pénétrer sur la grande terrasse.

Tout semble abandonné.

Je ne serai pas surpris de trouver l’intérieur Jack Nicholson avec sa machine à écrire en crise d'inspiration et sa hache dans une main comme dans le film shining de Stanley de Kubrick.

Plusieurs d'entre nous attrapent non pas le Covid mais l’onglet. La descente est bienvenue même si le confort du ski laisse à désirer.

La neige est dure et il faut slalomer entre les langues d’éboulis. 

Au-dessus de l'hostellerie de laquets, les pentes de neige s’élargissent et nous pouvons lâcher les chevaux.

Nous descendons désormais en grands virages et avec la perte d'altitude, la température monte et la neige se transforme peu à peu en moquette surtout sur les parties sablées par le sirocco de février.

Des écharpes de nuages montent vers nous et nous privent ponctuellement de visibilité.

Il faut dès lors skier plus prudemment et vérifier que les deux groupes de skieurs se suivent. Un troisième groupe de trois skieurs se joint d'ailleurs à nous car ils souhaitent descendre par le vallon del'Arize ne connaissent pas l’itinéraire.

Nous ne pouvons leur refuser l'hospitalité au nom des consignes sanitaires.

La neige est désormais très agréable ce qui nous permet d'entretenir un rythme soutenu, toujours en alternant grands et petits virages.

Nous entamons ensuite la descente dans la coume du pic.

Nous sommes passés sous les brumes et la visibilité redevenue parfaite.

Chacun lâche les freins et la descente de cette combe est un vrai régal.

15 mn après avoir quitté le sommet, nous sommes déjà au dépôt de chaussures, c'est dire que nous n'avons pas perdu beaucoup de temps. Nous sommes désormais à l'avance sur l'horaire prévu. 

 La descente continue au-dessous de la cabane de Penne Blanque et, en dépit de quelques deschaussage pour traverser des langues herbeuses, nous parvenons en suivant des pales de neige jusqu'au torrent de l’Arize vers 1650 m. 

Bref, une superbe descente avec un groupe bien homogène dans une ambiance presque euphorique.

Un autre grand plaisir de l'après-midi aura été de se séparer des chaussures de ski pour enfiler les sandales et finir la descente en portant les skis sur un chemin parfaitement bien tracé et confortable..

À 16h nous sommes aux voitures et en nous pressant, nous n’aurons aucun mal à êtrte à Toulouse avant 18 heures.

Nous regrettons quand même cette précipitation après une si belle journée, vivement les bières au café le plus proche et le plaisir de terminer ensemble les journées sans être contraint de rentrer à Toulouse comme des performeur trop pressé par le chronomètre et l'obsession de faire un temps.

Les photos. 

https://www.clubalpintoulouse.fr/photos-des-dernieres-sorties/skialpinisme2/pic-epique-en-equipe

Bruno Serraz

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